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Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee

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Anke Evraard
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Anke Evraard
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MessageSujet: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptySam 19 Jan - 12:20

Minuit. L'astre d'argent baignait les lieux d'une douce lumière, donnant l'illusion d'un calme imperturbable et d'une atmosphère protectrice. Les étoiles scintillaient doucement dans la nuit bleue, pareilles à des milliers de diamants. Un brouillard léger s'installait peu à peu. Les rares arbres dont l'écorce se paraît déjà d'un fin manteau de givre, frissonnaient sous l'assaut de la brise.
On aurait presque pu croire au silence dans les rues sombres d'Ojai. On avait même entendu dire que des esprits rôdaient dans les rues une fois la nuit tombée. Mais qui tendrait l'oreille pourrait ouïr une douce mélodie, quasiment inaudible, le long des imposants murs de pierre formant la grande avenue située sur la plage.
Anke se tenait là, adossé à a façade d'une habitation, les yeux clos. Ses doigts jouaient une série de notes au hasard, comme guidés par leur propre instinct. Elles formaient une musique aux tons Lui était là, seul, réfléchissant encore aux évènements qui s'étaient enchaînés ces derniers années. Une larme perla au coin de son oeil, alla caresser sa joue et glissa sur le sol. D'un rapide geste de la main, il chassa les suivantes et secoua la tête en soupirant, attrapa une des bouteilles à ses côtés et but quelques lampées du liquide qui lui râpa la gorge et lui brûla les poumons.
Ce qu'il faisait ici ? Pour répondre, encore aurait-il fallu qu'il le sache. Il s'était certainement perdu. Perdu dans ses pensées, perdu dans ses souvenirs, perdu dans le labyrinthe de ses sentiments, perdu dans cette éternelle solitude. Il avait essayé de retrouver son chemin, sans succès. Les problèmes se dressaient devant lui à la manière d'immenses murailles infranchissables. La détresse avait eu raison de lui, il s'était débattu de toutes ses forces, mais à l'évidence, il n'était pas assez fort pour lutter. On n'est jamais fort quand on est seul.

Une silhouette se dessinait au loin, dans la brume. Il l'observa fixement tandis qu'elle se rapprochait d'un pas mesuré, comme si elle le détaillait en retour, bien que l'examen fut impossible à cette distance. Serrant sa guitare contre lui, le jeune canadien s'avança de quelques mètres et s'immobilisa, attendant d'apercevoir le visage de l'inconnu.
Autant dire qu'il ne fut pas déçu. Lorsqu'il distingua clairement la personne à qui il avait affaire, Anke reçut un coup au coeur, si puissant qu'il lâcha son instrument qui alla s'écrouler sur le sol dans un fracas épouvantable. Le sang battait à ses tempes et il fixait le coréen, un sentiment oppressant lui ôtant toute capacité de réflexion.
En un instant, il se reçut tout son passé en pleine face, qui revenait à toute allure à la manière d'un boomerang. Les railleries, les insultes, le feu qui consumait toute son existence jour après jour. Il se voyait périr dans cette lente souffrance qui ne s'achevait jamais et qu'il s'était toujours efforcé de cacher. Il avait voulu fuir. Oublier. Il avait rêvé de cette liberté que ne lui permettait pas cette mort au sourire sadique qui le guettait au tournant, incarnée par une bande de jeunes voyous au regard insolent. Et voilà qu'il se trouvait en face de celui qui avait causé sa perte.

« Toi, ici ? »
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Park S. Andreïs
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« Des papillons dans l'estomac, dit-on. Quelle métaphore idiote ! Plutôt des abeilles tueuses, oui. » ▸ MESSAGES : 990
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptySam 19 Jan - 15:31




Il était minuit, peut-être plus, peut-être moins, je ne savais guère. Je venais de quitter mon boulot où je devais mettre l'ambiance avec ma guitare, ça avait été une soirée sympa, les gens ont eu l'air d'aimer ce que je faisais et moi je prenais plaisir à le faire. Sympa donc. C'est tout en repensant à cette soirée que je me suis rendu compte que je me situais proche de la plage -le bruit des vagues m'ayant alerté-, or j'habitais à l'opposer de celle-ci. En voulant faire demi-tour, j'entendis le bruit des cordes d'une guitare, mais je n'entendais pas bien ce son. C'est donc tout naturellement et ne pouvant m'en empêcher que j'approchais de l'endroit où venait le bruit. Plus je m'approchais, plus les cordes me percutaient les oreilles, comme fasciné, elle-même me disais d'approcher. En approchant, je vis la silhouette du musicien, bouteille à la main et qui continuait à faire valser ses notes. La musique m'envahissais complètement, comme hypnotisé. Je connaissais cette musique. Sauf que ma mémoire refusait de me montrer où. Je continuais d'avancer. Soudain, le musicien à son tour s'avança vers moi, mais il s'arrêta comme si, il m'attendait. Je continuais d'avancer, mesurant mes pas et ma respiration. Mon corps se figea en le voyants.

« Toi, ici ? » J'aurai du fuir, sauf que mes jambes refusaient de bouger. Ma mémoire se rappela.

DEBUT FLASHBACK.

Adolescence. Époque où on est censé décider de notre vie futur, moi je crois simplement qu'on est ici afin de faire en sorte de décider de celle des autres. Comme si avec nos actions, on façonnait la personne pour qu'elle soit quelque chose, pour qu'elle se souvienne de ces choses, des cicatrices qu'on fait à son corps, des cicatrices invisibles, celle qui ne partent pas avec le temps, celle qu'on n'oublie que très rarement. « Allez, chichi, qu'es que tu attends, dit lui ce que tu penses. » C'est ce que je suis en train de faire, en train de créer des cicatrices sur le coeur de quelqu'un, une personne qui n'en a pas besoin, une personne avec qui j'aurai voulu être ami. ' Chichi ', je détestais ce surnom, il m'a été donné par la bande avec qui je traîne, ce ne sont pas des amis, juste des gars débiles qui me prennent pour un porte monnaie, je suppose que c'est ce que je suis. « Eh bien, chichi, vas-y dis-moi ce que tu penses de moi. » Si je devais être honnête je lui dirais que je l'admire, oui, car il accepte sa différence, il n'a pas peur de le dire haut et fort et puis il est incroyablement doué pour la musique. Je l'envie, il est fantastique. Mais je ne peux pas lui dire ça, je deviendrais la prochaine « pédale », enfin, ce n'est pas ça qui me terrifie, je sais juste que si j'assume cette différence, il aura des ennuis, pire encore. « Que voulez-vous que je dise ? Ce gay sait très bien ce que je pense de lui, de sa musique et tout le reste. Il est juste une pédale sans talent. » Je me mords la langue si fort que c'est avec le goût de sang dans la bouche que je quitte la salle de classe. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir ce qu'il se passe à l'intérieur de cette salle. Violence. On lui vole son adolescence, ses rêves, ses passions, on lui vole tout, on le façonne de façon à ce qu'il n'oublie jamais qu'il est , ce que je suis aussi, une « pédale. »

FIN FLASHBACK.

Je ne dois pas lui dire, je ne dois pas avouer que je sais qui il est, que je l'ai reconnu, que j'excuse pour tout ce que je lui ai fait subir, parce que ça ne servirait à rien, les cicatrices ne partent pas comme ça, elles restent. Mon dos tout entier se contracta, déchirant un peu plus ses cicatrices, elles si réel. « Vous devez faire erreur sur la personne, je venais juste voir qui jouait de la guitare aussi bien. » Oui, je devais faire l'ignorant, oubliant pourquoi il a une bouteille à la main, pourquoi mon corps brûle sous d'autres souvenirs, aussi douloureux que les siens, je devais oublier que j'avais ruiné sa vie et qu'en voulant protéger son talent, j'avais ruiné la mienne.



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Anke Evraard
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptySam 19 Jan - 20:28

Parfois, une simple parole, un simple geste, peut bouleverser toute votre vie. vous vous alors remettez en question et vous rendez compte que finalement, la stabilité que vous sembliez avoir acquise n'était qu'une impression. Est-ce que, finalement, ça en valait le coup ? Pourquoi avoir tellement lutté pour en arriver là ?

Une sorte d'incertitude planait autour du jeune coréen tandis qu'il s'approchait encore. On l'aurait cru hypnotisé par la musique. Il avait bien changé, son persécuteur. Tellement qu'il aurait été possible de douter de son identité. Il aurait voulu ne rien laisser paraître mais de toute évidence, l'échec était cuisant : sa réaction à l'égard du canadien le trahissait.

Il sursauta lorsqu'un bruit de verre brisé se fit entendre, le tirant de son songe en lui vrillant les tympans. Il baissa les yeux sur le sol et jura en silence. La bouteille s'était écrasée sur le sol et le précieux liquide se répandait sur le trottoir. A nouveau, Anke recula et s'adossa au mur. Il passa une main dans ses cheveux et soupira. Son regard était plein de détresse ; envolé, le jeune provocateur aux airs arrogants, cherchant une victime potentielle dans chacune de ses rencontres. Ne restait là que le jeune ado perdu, démoli, à qui on arrachait sa guitare et déchirait ses partitions. Le silence revint, glacial. La nuit serait encore longue avant que le soleil ne revienne réchauffer la Terre de sa chaleur bienfaisante.

C'est à ce moment là qu'il se rendit compte qu'il avait mal. Une douleur oppressante lui broyait la poitrine, cette souffrance enfouie qui le dévorait littéralement de l'intérieur. Les larmes, pareilles à des diamants, glissaient de ses yeux d'argent et allaient s'écraser sur le sol comme deux êtres à l'amour interdit se jetteraient dans le vide en se tenant par la main. Il avait jouer les indifférents, de réduire la brûlure, mais les blessures étaient bien présentes, et elles saignaient encore.

« Vous devez faire erreur sur la personne, je venais juste voir que jouait de la guitare aussi bien. »

Ces paroles lui firent l'effet d'un coup de poignard dans le ventre. Il fixa son adversaire dans les yeux, abasourdi. Lorsque le coréen commença à faire demi-tour, Anke brisa la distance qui les séparait en quelques foulées. Sa main s'abattit sur l'épaule de Chin Lee et il pivota brusquement pour se retrouver face à lui. Il laissa le silence s'étirer quelques instants, ses doigts marquant la peau de son adversaire de toujours. Lorsqu'il se rendit compte de la force de sa poigne, il dessera prudemment sa prise et recula d'un pas.

« Et ben Chichi, tu ne reconnais pas la pédale ? Il me semble que tu avais beaucoup de choses à dire sur lui, pourtant. »

Le canadien fouilla dans la poche de son long manteau. Il en sortit quelques pages froissées, jaunies par le temps, sur lesquelles s'étalaient les quelques notes encore visibles dessinées à l'encre. Le reste était souillé par ce qui semblait être du sang et de la pluie. Anke contemplait le puzzle de ses partitions dans ses mains tremblantes. Ses mains s'ouvrirent lentement et le papier fragile alla s'échouer aux pieds de son persécuteur.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Ça ne t'a pas assez amusé de détruire mon existence peu à peu pendant des années ? T'as pas encore fini de t'amuser avec ma vie ? »
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Park S. Andreïs
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptySam 19 Jan - 21:47




Sa main se serra soudain contre mon épaule, m'obligeant à m'arrêter à le regarder dans les yeux, ses yeux qui avaient un mélange de colère et de tristesse. Une colère telle que sa main serrait de plus en plus mon épaule, j'aurai dû avoir mal, j'aurai dû essayé de me dégager, mais je ne fis rien de tout cela, laissant la douleur parcourir tout mon corps. Sa prise se relâcha et il recula à quelques pas de moi. Je n'étais pas sauvé, je savais qu'il avait vu que je l'avais reconnu, la discrétion n'a jamais été mon fort, sauf dans ses années là, où j'arrivais à lui cracher à la figure tout en cachant mon admiration pour l'homme fort et sensible qu'il était. « Et ben Chichi, tu ne reconnais pas la pédale ? Il me semble que tu avais beaucoup de choses à dire sur lui, pourtant. » Coups dans le ventre, irréel, mais il faisait aussi mal qu'un vrai. Certes à l'époque je lui disais des choses horribles, je lui crachais à la figure des mensonges, des absurdités, des conneries d'ados mal dans leur peau. J'étais un ados con et mal dans sa peau, je n'ai aucune excuse, je mérite qu'il me crache dessus, je ne mérite en aucun cas qu'il me pardonne pour ce que j'ai fais et je n'ai en aucun cas le droit de l'interdire de me détester, de me haïr au plus profond de lui. « Chichi. », ça faisait longtemps qu'on ne m'avais pas appelé comme ça, ce surnom si abjecte, ce surnom qui me renvoyais en pleine face des années de mensonges et prise de tête, ces années lycée que j'aurai passé à lui pourrir, à l'aimer en lui faisant croire le contraire, à l'admirer tout en déchirant ses partitions de génie. « Je ... » Je ne continuais pas ma phrase, je savais que si je continuais de parler, je m'excuserais et je craquerais. Or si je faisais ça, se sera comme si je trahissais ce que j'avais tenté de cacher pendant ses longues années, comme si j'acceptais que tout puisse repartir à zéro, alors que je sais que ça n'arrivera jamais et ça me détruisais.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Ça ne t'a pas assez amusé de détruire mon existence peu à peu pendant des années ? T'as pas encore fini de t'amuser avec ma vie ? » Nouveau coup de poing, encore plus violent que le premier. J'aurai préféré en avoir un vrai, qu'il me frappe, qu'il me fasse saigner, qu'il me démolisse. Mais il ne le faisait pas, comme moi auparavant, il me détruit mentalement, et c'est encore pire que la douleur physique, la mentale reste plus longtemps, elle s'installe en vous et ne vous quitte plus. Elle se trouve une bonne place, bien au chaud et ressors quand tout va pour le mieux pour vous. M'amuser avec sa vie ? Je me suis mis à rire, c'est sorti tout seul, un rire rauque et pourri, mais qui cache derrière des larmes et des regrets. Sauf que je suis un imbécile et que je le sais. Je me suis amusé avec sa vie comme tout le reste de ma bande de pote s'amusait avec la mienne, lui n'avait qu'une douleur moral, j'étais moi dans de pire circonstance. Caché, toujours et encore maintenant personne n'est au courant de cette histoire et personne ne le saura. Je me suis mis ma main sur mon épaule, comme si j'enlevais la douleur de sa main, sauf que non, je m'empoignai moi-même mon épaule, savourant l'esquisse suprême de la douleur. « Je suis ici depuis plus d'un an, de ce que je sais tu n'es là que depuis quelques jours, on se demande qui suit l'autre dans ce cas. » J'avais repris ma voix et mes airs d'ados, ces choses que je détestais le plus chez moi, ce côté méchant et pourri qui vivait au fond de moi. Au fond de moi, je ne voulais plus qu'une chose : qu'il me frappe, qu'il me fasse sentir toute cette haine envers l'être que j'étais et que j'essaie de cacher, l'être qu'on m'a dit d'être et qui ne m'a jamais quitté.

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Anke Evraard
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptyDim 20 Jan - 19:18

La mer l'engloutit peu à peu. Le soleil à son zénith darde ses rayons sur l'eau claire, l'aveugle tandis qu'il tente de remonter vers la surface. Il a touché le fond, le sel lui brûle les yeux, le récif dessine des arabesques couleur rubis sur sa peau claire. Le courant l'entraîne de toute sa force vers le large, dans une longue danse macabre. Il se bat encore, mais la partie est perdue d'avance ; c'est le jeu. A vouloir voler trop haut, il s'est brûlé les ailes. Les oiseaux eux-mêmes l'ont regardé vriller à toute vitesse vers l'océan, emportant son amour-propre dans cette chute vertigineuse, un odieux sourire au coin des lèvres.
Les monstres du passé resurgissaient. Ils étaient là, tapis dans l'ombre, à guetter le moment propice pour attaquer. Guetter une faille, un moment de faiblesse. L'instant où ils pourraient lui sauter à la gorge sans qu'il se débatte, et qu'il soit déjà trop tard quand il s'en rendrait compte. Étouffé, le musicien, détruit par un excès d'égo.
Adieu, l'artiste.

Mais pourquoi ne se dégageait-il pas ? Pourquoi l'observait-il aussi fixement ? Tentait-il de le faire douter ? L'esprit du jeune canadien bouillonnait, en quête de solutions. Nouvel échec. Il n'était plus à même de réfléchir. Le vent caressait son visage glacé par le froid. Étrange contraste avec l'incendie qui ravageait son coeur et dont les braises consumaient son âme. Appel à l'aide, esprit en perdition. Bond terrifiant dans le gouffre du passé. Accroché au bord du vide, la pierre fragile cédant sous ses doigts, il se retrouva propulsé dans un tourbillon d'ébène qui l'entraînait irrésistiblement vers le vide. Ce trou noir dans lequel résonnaient des rires francs, des moqueries et le bruit des rouleaux d'écume se brisant sur les rochers, plein de menace et pourtant si apaisant.

« Je ... »

Tu quoi ? Et sous la colère et la rage qui s'affrontaient en duel à l'intérieur de son corps, sous le flot de souvenirs qui l'attirait vers le sol menaçait de le noyer, Anke adressait une dernière prière silencieuse. Vas-y, crache ton venin ! Dis enfin ce que tu penses de moi ! Arrête de faire comme si tu comprenais ma souffrance, ôte cette lueur d'admiration de ton regard, pitié, redescends moi plus bas que terre, ne me fais plus douter, je n'ai pas envie de savoir pourquoi tu réagis comme ça, tu m'entends ?
Un rire. Un rire rauque, amer. Et cette main qui allait saisir son épaule, l'enserrer avec force. Le jeune canadien baissa les yeux sur ses partitions qui commençaient déjà à prendre la pluie. Un véritable déluge. Comme si leurs regrets mêlés s'abattaient soudain sur eux pour laver tout excès de rage. La pluie tambourinait le sol avec une énergie silencieuse. Mais elle était loin de signer la trêve.

« Je suis ici depuis plus d'un an, à ce que je sais tu n'es là que depuis quelques jours, on se demande qui suit l'autre dans ce cas. »

Nouveau tir. La bataille reprenait de plus belle. Dans les deux camps, les soldats harassés tentaient vainement de cacher leurs faiblesses malgré la force de l'assaut et la douleur qu'occasionnait ce combat. Ils se ressemblaient, au fond. Menaient une guerre double ; celle contre l'adversaire, et celles qu'ils se portaient à eux-mêmes. Et continuaient de lancer des attaques vengeresses.

A nouveau, Anke brise la distance qui les sépare. Il empoigne avec force la main du coréen, qu'il détache de son épaule sans un mot. Son bras se lève, poing serré. Il est prêt à frapper. Le doute et la rage se disputent dans ses yeux d'ébène. Ses mâchoires sont crispées, son front se barre d'une ride soucieuse. Son regard croise à nouveau celui de Chin Lee. Il y lit cet appel à l'aide, cette insolente demande de violence, ce voile de désespoir dans les yeux qui auraient pu être les siens. Son épaule se détend brusquement et il recule à nouveau.

« Toi et ta bande de potes, vous avez mis un sacré bordel dans ma vie tu sais. »

Ce ton posé, cette voix calme. Et son sang qui bouillonnait dans ses veines, son instinct qui lui hurlait de foncer. Il ne se serait même pas défendu, c'était évident.

« Et pourtant, t'as jamais été comme les autres. »

Ses muscles se contractaient, l'adrénaline montait en flèche, et cette envie de violence, toujours, ce besoin sauvage de vengeance, cette envie de lire la souffrance dans d'autres yeux que les siens.

« Pourquoi ? »

Pourquoi quoi ? Pourquoi ... tout. Pourquoi t'as pas frappé ? Pourquoi t'as pas fini ta phrase ? "Tu" quoi, hein ? C'est quoi ce doute que je lis dans ton regard ? Ces regrets que j'ai lus dans tes paroles pourtant si violentes ?
Il s'approcha à nouveau, posa sa main sur le torse de son adversaire, plongea son regard dans celui du jeune coréen qui se tenait désormais à quelques centimètres de lui. Il ignorait le danger potentiel ; désormais, il n'y avait plus aucune menace susceptible de faire trembler l'artiste.

« Il faut que tu me dise Chin, j'ai besoin de comprendre. »
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Park S. Andreïs
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptyDim 20 Jan - 20:33




La pluie tombait, telle des larmes de tristesse, de joie, de regret, de colère, des larmes tout simplement. Les gouttes froides et humides s'abattaient sur nous, sur le sol, sur les partitions jetées, ces mêmes partitions qui autrefois faisaient place à une farandole de notes, toutes plus magnifique les unes que les autres. Je ne bougeais pas, je restais immobile quand il me foudroyait du regard, quand il me balançait sa haine en pleine tronche, quand il s'apprêtait à me frapper. De nouveau, ma « victime » se rapprocha de moi, nous étions désormais proches l'un de l'autre, les mètres qui nous séparaient ne devinrent que des centimètres. Accélération du coeur. J'entendais tout, sa respiration irrégulière, le sang qui battait dans ses veines tandis qu'il m'attrapait le poignet, les battements de son coeur. Je le regardais. Perdu, comme un enfant qui cherchait indéfiniment sa mère dans un super marché, les larmes en moins. Son poing se leva, prêt à frapper. Enfin. Enfin il va relâchait sa douleur, sa haine, son désespoir. Vite. Vite, qu'on en finisse, qu'on puisse repartir chacun de notre côté, le coeur débarrassait d'un poids. Je le fixais toujours, soudain nos regards se croisèrent et Anke baissa sa main, comme si, il avait lu quelque chose en moi, comme si, il avait vu que je n'attendais que ça, et qu'encore, il ne va pas satisfaire ma demande. Mon poignet retomba le long de mon corps, pendant qu'une nouvelle fois Anke recula. Pincement au coeur. « Toi et ta bande de potes, vous avez mis un sacré bordel dans ma vie tu sais. » Je sais. Je le sais depuis le début, il aura fallu être aveugle et attardé pour ne pas remarquer sa tristesse, sa douleur et sa colère. Personne ne pouvait ignorer ce que nous lui faisons et tout le monde savait ce qui allait se passer pour lui. Dépression, drogue, alcool, colère, violence, une vie gâche par notre faute, la faute d'une petite bande de gamins qui n'avaient d'autre à faire que de martyriser un gars au grand talent. « Hum.. » Je me raclais la gorge, essayent par tous les moyens de regagner le masque de mon enfance, le masque du garçon pourri. « Et pourtant, t'as jamais été comme les autres. » Nouvel accélération du coeur.

« Non, je ne suis pas comme les autres, je suis pire. » Pire dans tous les sens, pire, car je lui ai fait subir pendant des années des actes inhumains que personne ne devrait avoir à subir juste parce qu'il est différent. Pire, car j'ai bousillé ses rêves, ses partitions, ses ambitions dans les air, dans la terre juste pour montrer à certaines personnes que je comprenais, que je savais ce qui allait se passer, que j'étais avec eux, que je les suivais. « Pourquoi ? » Pourquoi quoi ? Je me baissais soudainement, ramassant les partitions qui gisaient sur le sol, trempé. On ne distinguait que quelques notes, encore quelque trace d'encre sur ces papier, on pouvait voir au travers toute la détresse d'un jeune ados tourmenté et seul face à la vie, face à sa différence. « Il faut que tu me dises Chin Lee, j'ai besoin de comprendre. » Il n'y a rien à comprendre, du moins, personne ne peut comprendre. Jamais je n'avouerais le pourquoi du comment, la raison de son traumatisme, de sa douleur, ses rêves brisé qu'on voit encore tombé sur le sol et se fracassé encore plus. Jamais je ne pourrai dire que je suis la cause de tout ça, et non pas juste le persécuteur, que part ma faute, ils l'ont détruit, car je n'ai pas pu le protéger, je n'ai pas pu me protéger. Je regardais Anke, droit dans les yeux, le regard de travers et les yeux ne montrant aucune pensée. Mes mains déchirèrent soudain les partitions prisent quelque minute plus tôt. Puis je les ai lancées en l'air, elles tombaient comme la pluie, s'abattant elle aussi sur nous, sur nos vies. « Il n'y a rien à comprendre, je n'ai rien à te dire, parce que j'ai toujours fait ce que je devais faire, j'ai passé des années à te persécuter, à bousiller ta vie, il n'y a rien de plus, j'ai détruit ta vie, à toi de détruire la mienne à présent. »





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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptyLun 21 Jan - 18:45

When will it rain upon the desert of your tired heart
Like a tempest, like a storm rolls in to tear you apart
Like you're losing it all, feels like you're losing it all ..



Il sentit le contact de la peau du coréen. Brûlure. Son coeur s'embrase, les flammes crépitent sous ses doigts. Le feu se fraye un chemin jusqu'à son âme, il dévaste tout sur son passage. Son rythme cardiaque s'accélère brusquement. Et cette fois son alliée, pourtant si fidèle, ne lui vient pas en aide. Elle quitte la scène d'un pas royal, le laissant seul avec l'ennemi. Et il la regarde s'éloigner dans son manteau d'écume, emportant jusque son souffle marin dans un long périple en direction de l'horizon. Il est seul maintenant, il est battu à plates coutures, c'est la fin. La fumée l'entoure de son halo d'ébène, il est aveuglé, elle l'étouffe. L'air vient à lui manquer ; il suffoque. Et pourtant il se bat, il essaie d'étouffer l'incendie qui le dévore. Mais il n'est pas assez fort pour lutter. Les cendres s'agitent dangereusement et le brasier reprend de plus belle.

« Non ! »

Il bondit soudain en arrière. Ces sensations qu'il aurait voulues croire éteintes s'étaient pourtant nichées en silence au coin de son esprit, prêtes à resurgir. Un moment de faiblesse ; elles n'avaient pas hésité. Anke passa la main dans ses cheveux. Un voile d'horreur avait pris possession de son regard et il tentait tant bien que mal de calmer sa respiration haletante. C'était pire que tout. Pire que ces années d'ado, pire que toute cette violence, pire que toutes ses partitions parties en fumée ou dévorées par la pluie. Ses démons étaient passés à l'attaque, après l'avoir coursé durant des années. Ils l'avaient laissé agonisant, et à peine venait-il de se relever qu'ils le pourchassaient à nouveau.

« Non, je ne suis pas comme les autres, je suis pire. »

C'est exact, tu es pire. Et tout ce que je vis, tout ce que je ressens, c'est toi qui l'a provoqué. Tout est de ta faute, moi je n'y peux rien, je n'y suis pour rien, je n'ai rien demandé. J'en crève, de tes conneries. Soudain, la tête lui tournait. Il n'avait aucun point d'appui, aucun échappatoire. Il ne pouvait compter que sur lui-même. Et il était fatigué, épuisé par cette lutte sans fin, cette course-poursuite à l'infini qui les mènerait tous à leur perte. Et pourtant, il ne fallait pas lâcher les armes, il fallait continuer de se battre, ignorer cette sensation d'oppression, garder le masque, jouer le jeu tant bien que mal.
Chin avait ramassé les partitions et il tenait le papier fragile en regardant fixement sa victime. Dans le regard du canadien, la peur grandissait. Et toujours ce feu, qui consumait chaque parcelle de son corps. Il était au supplice.

« Il n'y a rien à comprendre, je n'ai rien à te dire, parce que j'ai toujours fait ce que je devais faire, j'ai passé des années à te persécuter, à bousiller ta vie, il n'y a rien de plus, j'ai détruit ta vie, à toi de détruire la mienne à présent. »

Tu peux pas me faire ça. Pas maintenant. Ne me demande pas ça, je t'en prie. J'en ai plus la force. Anke regardait ses feuilles valser lentement vers le sol comme il aurait regardé sa vie défiler devant ses yeux. Une dernière attaque. Le bruit d'un corps qui s'effondre. L'artiste était tombé à genoux. Tout son corps rugit sous la douleur. Il se délecta de cette sensation électrisante qui parcourut chaque fibre de son être. Il était en position de faiblesse désormais. Mais peu lui importait la présence du coréen. Il savourait cette souffrance, le contact froid du sol et de l'eau glacée qui faisaient bleuir sa peau, la pluie qui ruisselait sur son visage, mêlée à ses larmes. Étrange tableau sous un ciel qui se paraît de sa cape d'ébène. L'orage se rapprochait. Dans le coeur d'Anke, c'était déjà la tempête.

« Qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter ça ? »

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Park S. Andreïs
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptyLun 21 Jan - 20:43




Les morceaux de partitions continuaient de tomber, comme les plumes que les oiseaux perdent pendant leur vol, sauf qu'ici c'était moi qui avais arraché les plumes, dépouillant l'oiseau faible et sans défense de ses dernières couches de soutien, de force, le mettant à nu. La différence entre les plumes de l'oiseau et les partitions gisant sur le sol mouillé est que les plumes, elles, peuvent revenir, repousser, être retrouvé, elles restent intacte, elles sont toujours aussi belle sur l'oiseau que sans l'oiseau. Alors que les bouts de feuilles ainsi jetés à même le sol, elles, ne retrouveront jamais leur place habituel, pliée dans la poche de sa veste ternis par l'alcool et la cigarette, abîmé par le temps et la vie, part la douleur et la joie, par la colère et la tristesse. Désormais, elles ne resteront que des morceaux vide, jamais plus on ne pourra entendre la douce mélodie que ces pages ont pu contenir un jour, la douce mélodie aussitôt si belle et si calme, si vivante, si libre. Anke était désormais comme eux, une coquille vide, ne vivant plus que de tristesse et de douleur. Peut-être que son visage n'exprimera plus jamais la joie, le bonheur, l'amour. Non, aujourd'hui il n'était plus que l'ados perdu, sans aide et il le resterait à tout jamais.

Soudain, un bruit de chute, un tir en provenance du sol visant l'oiseau qui commençait tout juste à retrouver ses ailes, l'oiseau chuta, violemment et tristement. C'est ainsi qu'Anke, qui avait quelque minute plutôt un éclat de colère et de vengeance dans les yeux fut réduit à néants. Le génie était tombé. Genou sur le sol trempé, le regard ne montrant plus qu'une lueur de souffrance. Mais une souffrance appréciée, comme désiré. Anke savoura le contact de son corps ainsi que la morosité qui régnait à présent dans ce petit coin de la plage. J'aurai du fuir quand j'en avais encore l'occasion, une fois encore et par ma faute, il avait sombré, il n'était plus qu'une personne qui ne connaissait que trop bien la douleur pour y faire face et la surmonter. Lâche. « Qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter ça ? » Lâche. Pourquoi tu ne te bats pas ? C'est quoi ça ? Horrible. Pitoyable. Une soudaine montée de colère parcourue mon corps, comme électrisante, elle m'enivrait de toute part. Je n'avais plus aucun moyen de revenir en arrière, il fallait que tout ceci s'arrête, je pouvais le libérer, je savais comment faire, il faudrait juste que .... « Non ! » Il ne fallait rien dire, personne ne doit savoir ce qui c'est réellement passer pendant toutes ses années, il doit toujours garder en tête le faits que je l'ai persécuter, que je lui ai fait du mal juste parce qu'il était gay, il ne doit rien savoir d'autre.

Je luttais contre moi-même à présent. Ma colère m'enivrai toujours et elle était tellement forte que j'en ressentis des frissons partout dans mon corps. Douleur. Mon corps tout entier avait envie de le frapper, de le réveiller, de lui faire comprendre que ce n'était pas comme ça qu'il allait survivre, qu'on pouvait survivre à tout, même au plus insurmontable. Où était passé l'homme fort qui n'écoutait pas nos insultes, qui était arrogant et qui n'avait pas peur des professeurs, de ne pas réussir dans la vie, celui qui n'avait pas peur de contourner les limites. Où était passé l'homme qui faisait battre ce putain de coeur ? Je chutais aussi. Me retrouvant presque devant lui, genoux contre genoux, même respiration haletante, même larmes qui coulent contre des joues différentes. Tout à coup, j'ai eu la soudaine envie de le prendre dans mes bras, de le consoler, de lui dire que tout va bien, que la vie continue, qu'il pouvait s'en sortir, qu'il pouvait vivre une vie normale, comme moi... Je ne devais pas. Mes mains agrippèrent chacune une épaule, appuyant de toutes mes forces pour ne pas succomber à mon désir. Celui de le toucher, de caresser sa peau, de faire jouer mes doigts sur sa joue, d'essuyer ses larmes d'un baiser. Stop. Respire. J'appuyais mes mains de plus en plus jusqu'à enfin la douleur me submergea, les cicatrices c'étaient ré-ouvertes, elles saignaient de nouveau, colorant le sol d'une couleur rouge. Regardant le visage de Anke, je souris faisant naître dans mon ventre des milliers de papillon avant de chuter une nouvelle fois sur le sol.

Je ne pouvais pas rester là, il fallait que j'arrête toutes ses années de souffrance. Difficilement, je réussis à me relever et à me mettre de nouveau sur mes genoux. La douleur me coupa la respiration pendant quelque seconde avant que j'arrive à me stabiliser. J'avais l'habitude, je devais faire comme à la maison. Sauf que je n'étais pas chez moi et que je devais lui montrer, lui montrer ses cicatrices qui m'ont étaient affligé, par la vie, par le temps, pour ma différence, pour mon amour. Partout, pour tout. Je le fixais d'un regard vide. « Tu n'as rien fait du tout, au contraire -petit rire-, mais je ne peux t'expliquer la vérité qui se cache derrière tout ça, je ne pourrai te la dire, tu ne la comprendrais pas, car même moi je ne l'ai jamais comprise, comme toi, je l'ai subite. » Le saignement s'arrêta, mais la douleur, elle, resta.

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Anke Evraard
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptyMer 23 Jan - 17:01

Boom, crash all night
You scream, we fight.


« Comment c'est possible ? »

Sa voix se brise. Il a l'impression de tomber, tomber, indéfiniment. Ce gouffre aux couleurs d'ébène l'attire irrésistiblement. Ses poings serrés percutent le sol avec un bruit sourd, ses phalanges craquent, il tremble. L'orage gronde, les éclairs déchirent le ciel ; l'air devient étouffant. La tête basse, Anke observe ses partitions voler doucement dans la nuit bleue, pour aller se coucher sur le sol trempé. Elles prennent l'eau peu à peu, les dernières traces d'encre s'effacent, se mélangent à la pluie, disparaissent sans laisser de trace. Ne reste que le papier qui se racornit peu à peu au fil des secondes qui défilent lentement au rythme de la respiration haletante du canadien. Le sang martèle ses tempes, tout son corps hurle sous la puissance de ses blessures. Ses yeux fusillaient le sol, comme s'ils pouvaient le transpercer par leur seule force. Ouvrir un ravin sous ses pieds, y tomber, indéfiniment. Fuir toutes ces sensations et cette impression d'être coupé du monde réel ; pouvoir reprendre ses esprits, analyser la situation d'un oeil calme, retrouver son sens de la répartie, repousser tous ces souvenirs qui l'attaquaient par rafales. Il luttait encore, se concentrait sur sa souffrance pour tenter de rester lucide.

When you breakdown, when you can't take it all
When you're slamming your fist against the wall
Thunder can sound so frightening


Le bonheur ne devrait pas être un instrument de chantage. Ça devrait être interdit. Ça rend dingue. Il se concentrait sur le son de la pluie, les battements de son coeur, il fermait les yeux, pestait de rage d'une voix quasiment inaudible entre ses dents serrées. Et pourtant. Une seule image derrière ses paupières, un seul rire qui résonnait dans ses pensées. Ce regard, ce corps, cette voix, ces paroles. Une terrible douleur lui déchirait la poitrine, elle ne voulait plus en partir. Les vertiges reprenaient. C'était atroce. Mais ce n'est pas son cri qui brisa le silence. Un « Non ! » clair, bref, derrière lequel on pouvait deviner des milliers de sentiments confus qui se bousculaient. Il fit relever la tête à Anke, qui observa attentivement les traits du coréen. On y trouvait de la souffrance et une colère sans nom. Ces traits, longtemps haïs et pourtant si purs, qui reflétaient des émotions qui auraient pu être les siennes. C'était ... terrifiant. Et soudain, il chuta. Le sang du jeune, déjà à terre, ne fit qu'un tour. Il tendit la main, mais elle ne rencontra que le vide. A nouveau, les mains de Chin agrippaient ses épaules. On voyait ses phalanges blanchir et son visage se crisper sous la force de sa poigne. Et Anke le regardait, impuissant, l'horreur dans les yeux, comme s'il regardait son reflet dans un miroir. Il n'y a plus de victime ou de martyr quand on est sur le point de tomber.

"Si je devais choisir quelqu'un, un homme parmi des milliers, pour être abandonné avec lui sur une planète déserte, ce serait toi. (Le soleil, coincé entre nous deux, devient plus brûlant encore.) Je veux être avec toi, tout le temps ; et ce n'est pas juste pour ... pour parler. Quand tu me touches, je ... (J'ose passer ma main sur la peau de son bras ; ça crépite de flammes sous mes doigts. Ne sent-il pas ce feu ?) Je ne veux pas que ça s'arrête. Si ce n'est pas pareil pour toi, ce n'est pas grave, ça ne fait rien. (Mensonges ! Foutaises !).
Il y a des flammes aussi sur ses lèvres, plus ardents que les autres, dévorantes. Je ne sais pas ce que je fais, mais ça n'a pas d'importance. Ses mains sont dans mes cheveux et mon coeur est sur le point d'imploser. Je ne peux plus respirer. Je ne veux plus respirer. Je veux bien mourir maintenant. Ça me va. "


« Tu n'as rien fait du tout, au contraire -petit rire-, mais je ne peux t'expliquer la vérité qui se cache derrière tout ça, je ne pourrai te la dire, tu ne la comprendrais pas, car même moi je ne l'ai jamais comprise, comme toi, je l'ai subite. »

Le sang s'écoulait doucement, glissant sur la peau de son adversaire à terre , allant se mêler à l'eau souillée par l'encre et les restes des fiches froissées. Il secoua la tête, envoyant balader ses pensées. Il se faisait des idées. Mais il croisa à nouveau le regard de Chin, et c'est dans son regard vide qu'il se retrouva. Ce regard qui voulait se taire mais qui exprimait tant de choses. Une différence. Non ... Pas lui. Il faisait erreur. Ce n'était tout simplement pas possible. Pas plus que le fait que tu le retrouve aujourd'hui et qu'il soit à genoux devant toi, pas plus que la souffrance que tu as lue dans son regard, pas plus que ce sang qui glisse sur sa peau. C'était impossible, et c'est pourtant bien réel. Leurs souffles saccadés se mêlent tandis qu'Anke se penche vers le jeune coréen pour retirer avec douceur ses mains de ses épaules meurtries. Il sentait le battement des veines sous la peau fine. Distinct, accéléré. "Résiste" lui dicta sa conscience. "Non".
Ses bras se referment autour de lui, l'attirent contre son torse. Avant qu'il ait eu le temps de reculer, ses lèvres se plaquent sur celles du jeune coréen.

Comment un "mais" pourrait-il succéder à un tel brasier ?

Together we're never gonna fall
Its stormy now but the sun's gonna shine again

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Park S. Andreïs
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MessageSujet: Re: Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee Mais quoi qu'on fasse, au fond, on perd son  temps, alors autant choisir la folie • PV Chin Lee  EmptyMer 23 Jan - 17:55




La douleur semblait s'éternise sur moi, comme si toutes ses années que j'avais passé à essayer d'oublier tout ça n'avait jamais existé, toutes ces années de prise sur moi disparaissaient comme l'encre sur les partitions d'Anke. J'avais plutôt bien réussi, les débuts ont étaient difficiles, il était présent chaque jour, chaque nuit dans mes pensées, dans mes rêves et même de mes cauchemars. Pour l'oublier j'ai dû faire beaucoup de choses, dont beaucoup n'étaient qu'une façon de me détruire encore plus. J'ai consommé tout ce qui me passait sous la main, alcool, drogue et autre forme de consommation illicite toute plus forte. J'ai même couché avec des filles et même d'autres mecs. En quelque mois j'avais réussi à bousiller ma vie et mon corps, mais ma mémoire, elle, ne l'avait toujours pas oublié. Aucun psy n'a pu faire la différence et autant vous dire que j'en ai vu un sacré grand nombre, tous plus empoté que les autres d'ailleurs, ils ne m'aidaient pas à l'oublier, au contraire, ils me forçaient à en parler tout le temps, à chaque fois. Au lieu de l'oublier j'étais devenu encore plus fou, fou de lui. J'avais beau continuer à bousiller mon cerveau et mon avenir, à avoir des aventures avec n'importe qui, rien n'y faisait, il était là. J'ai eu beaucoup d'aventure de ce type, juste un soir dans une chambre d'hôtel, par contre des aventures sérieuses, elles ont étaient beaucoup moins nombreuses. Il y en a eu, mais elles n'ont jamais abouti à grand chose, déjà parce que je n'arrivais pas à me défaire de mon amour pour lui, mais surtout de toute la souffrance que je lui avais affligée et d'un autre côté parce que mes parents faisaient tout -dans l'ombre- pour que ces aventures ne durent pas. J'étais emprisonné d'une prison invisible, partagé entre l'amour et la douleur, l'envie et la honte. J'étais perdu.

Alors que le temps s'écoulait, je me suis toujours souvenu et j'ai toujours au fond de moi espérer le revoir un jour, je me languissais de son absence. J'avais beaucoup de moyen de le retrouver, j'aurai pu par exemple engagé des détectives privés, mais à quoi cela aurait servi ? Cela aurait voulu dire que je déclarais forfait, que j'abandonne contre ses sentiments qui m'envahissaient et qui sont toujours restés depuis la première fois où je l'ai vu, ses mêmes sentiments qui se sont multipliés, mélangé de haine et de douleur quand je devais lui faire du mal. Et au pire des cas, si j'avais succombé à la tentation, si j'avais perdu le contrôle de moi-même et l'aurai retrouvé, qu'aurais-je fait ? Qu'aurais-je pu bien faire, j'étais la personne qu'il détestait le plus au monde, qu'il haïssait même, j'étais sa plus grande menace, sa plus grande peur.

Mes mains étaient toujours contre mes épaules, elles appuyaient toujours, je voyais le sang qui coulaient, ils se déversaient sur le sol, colorant la pluie d'une couleur rougeâtre, une couleur je n'avais pas cessé de voir, jour après jour il y a encore quelque temps. Tout à coup, des mains grandes et froides touchèrent les miennes, m'électrisant tout le corps. Délicatement elles les retirèrent de mes épaules, stoppant la douleur, mais une autre bien plus forte parcourait mon corps en ce moment même. Mon coeur partis au quart de tour, il s'accélérait, faisant taper le sang dans mes tempes, des bourdonnements dans mes oreilles, une impressionnante douleur dans le ventre. Je n'eus pas le temps de me calmer qu'il m'attira contre lui, je pus sentir l'odeur de sa peau, tout mon corps frémissait, j'avais envie de pleurer, de m'écrouler, de libérer toutes ses années de souffrance, pour lui, j'avais envie de détruire toute une vie de silence. Une de ses mains à soudainement pris mon menton, ses doigts le relevant à la hauteur de son visage, on n'était plus qu'à quelque centimètre l'un de l'autre, mon coeur allait exploser, mes jambes s'engourdissaient, j'avais peur de ce qui allait se passer, mais j'avais hâte que ça commence, que j'explose. « Anke. »

Tout explosa. Mon coeur, mes jambes, mon ventre. Ses lèvres se retrouvèrent sur les miennes. Il m'embrassait. J'étais perdu, déboussolé, je ne comprenais pas ce qui passait. A l'inverse de moi, mon corps lui compris et il réagit au soudain contact de ses lèvres, mes mains agrippèrent sauvagement son dos, froissant son t-shirt, déchirant mon ventre. Je ne savais plus ce qui passait, où j'étais, je ne sentais plus la pluie s'écouler sur mon visage, ni mes jambes, ni rien. Je sentais juste la pression de ses lèvres contre les miennes, l'odeur de sa peau se propageant dans tout mon corps, ses mains froides sur mon visage qui me brûlait. La brûlure était ardente, forte, libérant des milliers de sentiments, soigneusement enfoui depuis des années, j'avais peur et je brûlais totalement, complètement.  

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