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L'heure de vérité [Ephraïm]

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MessageSujet: L'heure de vérité [Ephraïm] L'heure de vérité [Ephraïm] EmptySam 12 Jan - 15:59

Ephraïm & Mackenzie
L
a vie était remplie de surprise. Cela faisait pratiquement un an jour pour jour que Mackenzie était arrivée à Ojai. Avant de passer le panneau, la jeune femme rêvait de mode, de son blog et de devenir célèbre. Des choses qui étaient impossible à Ojai. Déjà, quand on vit dans un village peuplé d'uniquement 85 personnes, la célébrité est une chose toute relative. Tout le monde connait tout le monde et la joie de voir un nouveau visage est remplacée par la peur de voir quelqu'un de cher mourir. De quoi vous pourrir la vie de façon assez permanente. Mais Mack, étant la fille pleine de vie et positive qu'elle était, ne s'était pas laissé abattre. Elle évitait de penser à ce qu'aurait du être sa vie et se concentrer sur ce qu'elle pouvait en faire maintenant qu'elle était ici. Autant dire qu'elle avait complètement changé de priorité. Enfin, elle avait plutôt effacé ses priorités. Maintenant, elle prenait chaque jours comme il venait. Elle ne réfléchissait plus à son envie d'être célèbre. Elle vivait. Mais une part d'elle espérait toujours quitter Ojai, un jour...
Le village ne lui avait pas apporter que du négatif. Elle avait rencontré de nouvelles personnes, certaines qu'elle appréciait, d'autre qu'elle aimait beaucoup moins. Mais une personne l'intriguait vraiment ses derniers temps. Ephraïm Hopkins. Cet homme était un mystère pour elle. Depuis quelques temps, ils se tournaient autour, se cherchaient, jouaient à se séduire. Et quand, enfin, ils avaient été sur le point de s'embrasser, il était parti sans que Mack n'y comprenne rien. Et le bougre l'avait éviter depuis. Autant dire que la jeune femme n'y avait pas été de main morte quand à ce qu'elle avait raconté à toutes ses connaissances. Les mots "Salaud" et "Hypocrite" avaient fusé et elle n'avait aucun remord. Qui était-il, après tout, pour la repousser de la sorte? Surtout que ce n'était pas comme s'il lui avait clairement signalé depuis le départ qu'il ne voulait rien avec elle. Oh non, il avait bien joué et Mackenzie s'était brûlée. Et elle n'aimait pas du tout être dans cette position.
Après sa journée de travail à la bibliothèque, Mack avait décidé de faire un détour par le parc, histoire d'y faire un tour et de se détendre. Elle aurait voulu aller sonner à la porte d'Ephraïm et lui demander des explications. Mais, dans cette ville, les rumeurs allaient vite et elle ne voulait pas se rendre encore plus ridicule que ce qu'elle avait déjà été. La promenade dans le parc lui semblait donc la meilleure solution pour évacuer sa frustration. Comme à son habitude, elle était tirée à quatre épingles. En arrivant à Ojai, elle avait avec elle une énorme valise de vêtement, et une valise à peu près autant grande de chaussure. Elle se bénissait depuis de ne pas voyager léger, étant donné la difficulté qu'on rencontrait dans la ville à se procurer la plupart des choses. Elle portait en ce jour une robe jaune, qui lui arrivait à peu près au genou, avec des talons de la même couleur.
Elle admirait le parc quand elle remarqua une silhouette qu'elle connaissait. Quand on pensait au loup... Elle se dirigea donc vers Ephraïm, se planta devant lui, les mains sur les hanches.
"Je pense que l'heure des explications est venue Ephraïm... "
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Ephraïm S. Hopkins
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MessageSujet: Re: L'heure de vérité [Ephraïm] L'heure de vérité [Ephraïm] EmptySam 12 Jan - 20:03



Mackenzie&Ephraïm


« Monsieur Fox, je ne fais pas ce genre de services... » « Allons mon petit, pour quelques sous de plus, tu sais que mon dos me fait atrocement souffrir, tu es encore un bon gaillard, on aurait dit moi à ton âge ! » Les compliments étaient inutiles. Inutiles et grotesques. « Écoutez, je ne suis pas une bonne. Bonsoir, Monsieur Fox. » Sans attendre son dû, Ephraïm tourna les talons et se dirigea à grandes enjambées vers Wooster Avenue. Les habitants d'Ojai craignaient tellement de mourir du jour au lendemain que la plupart souhaitaient profiter des derniers instants qu'ils leur restaient. C'était radicalement humain sauf qu'il refusait d'être sous le joug des autres sous prétexte qu'ils étaient vieux et qu'ils seraient certainement les prochains à périr. « Je l'espère d'ailleurs, papy. » L'acharnement de Monsieur Fox à toujours être sur le dos d'Hopkins lorsqu'il travaillait pour lui était devenu des plus envahissants et quand enfin il eut le culot de lui demander davantage de services, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La richesse pécuniaire n'était pas une caractéristique répandue à Ojai mais sitôt que la boutique ou le job de certains apparaissaient indispensables à la communauté, leurs propriétaires se sentaient pousser des ailes. Ephraïm avait besoin de rentrer, il avait besoin de se réfugier dans la pièce qui lui servait de chambre pour retrouver un peu de sérénité. Réconfort n'était pas le mot puisqu'il ne s'était jamais senti chez lui. Sitôt que ses deux parents furent morts on les remplaça dans la maison par d'autres personnes si bien qu'un climat de foyer était totalement inexistant. Il y avait bien Aerith dont il ne supporterait pas le décès malgré les différences qui les éloignaient comme les unissaient... Mais il était las de tout ça et après dix années à Ojai, il s'était parfois surpris à vouloir lui-même être le prochain sur la liste.

Ses déambulations spirituelles avaient mené ses pas jusqu'au parc dans lequel il n'avait pas tellement l'habitude de passer. En général, il prenait la grande avenue. La beauté de la nature, la sensation des arbres vivants, l'herbe fraîche, tout ce romantisme n'était pas pour lui. Il y avaient encore bien des recoins qu'il n'avait jamais visités juste en raison de leur fréquentation assidue. Les gens aimaient bien la banalité, ça les apaisait. Lui ça l'étouffait. Il reprit le contrôle de ses pieds pour rejoindre le numéro 64 quand une silhouette toute de jaune vêtue attira son attention. On ne pouvait jamais manquer Mackenzie, elle était des figures qui s'étaient lancés le défi de mettre la bonne humeur à Ojai. Pendant quelque temps, elle avait réussi à dérider Ephraïm, épineux challenge que voici. Seulement il avait fini par prendre la fuite avant que la séduction ne devienne trop sérieuse. Il n'était fait ni pour le bonheur ni pour l'amour, pas tant qu'il demeurerait entre ces frontières. Tout d'abord il avait voulu lui expliquer qu'il exigeait uniquement de l'amitié de sa part mais redoutant sa réaction, agir comme un goujat était apparu tellement plus facile. Voilà des semaines qu'il l'évitait soigneusement mais aujourd'hui, le karma semblait dire stop à cette mascarade. Ephraïm était face à ses actes et face à la colère brûlante d'une femme. « Bonsoir Mackenzie. » Répondit-il, un ton neutre dans la voix. Il contournait déjà les questions embarrassantes avant même qu'elles ne soient posées. Un coup d'oeil par-dessus l'épaule de la bibliothécaire laissait dire que c'était encore le temps de courir très loin mais ses jambes étaient soudainement très lourdes. Demeurer impassible et feindre l'indifférence. « Quelle explications ? Il me semble pourtant que c'est clair, le soleil va bientôt se coucher ! » Tant que personne n'était là pour apercevoir une potentielle gifle, la situation était encore gérable. Les rumeurs se répandaient bien trop vite dans ces petits quartiers... « Tu es très jolie en jaune. Un peu hors saison mais au moins c'est facile à voir entre les rayons. » Les futilités que débitait l'ainé Hopkins ne contribuaient qu'à le rendre incroyablement irrespectueux mais c'était pour mieux rebondir.
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MessageSujet: Re: L'heure de vérité [Ephraïm] L'heure de vérité [Ephraïm] EmptyMar 15 Jan - 16:12

Ephraïm & Mackenzie
E
n apprenant son sort en arrivant à Ojai, Mackenzie avait eu envie de hurler. Hurler de frustration, de peine, de colère et de tristesse. Elle perdait ses rêves mais aussi une famille qu'elle aimait, des amis avec qui elle passait beaucoup de temps. Oui, c'était sur que son arrivée à Ojai avait provoqué une mort. Quelqu'un avait perdu un frère, une soeur ou un ami, comme s'était le cas à chaque fois qu'une nouvelle tête passait le panneau "Bienvenue à Ojai". Mais ce que les gens qui avaient toujours vécu ici ne se rendaient pas compte, c'est qu'elle, elle avait perdu toutes les personnes à qui elle tenait. Frustrant n'est ce pas? Il y avait de quoi avoir envie de hurler.
Et puis après, il fallait choisir. Se laisser miner par ses pertes, perdre espoir, pleurer et voir la vie en noir. Ou alors, relever la tête. Prendre chaque jours que la ville vous donnait. En profiter encore plus, rire à chaque occasion. Rencontrer les gens de cette ville si particulière. Apprendre à les connaître. Même si ça voulait dire prendre le risque de souffrir, de s'attacher et de les voir être les prochains sur la liste. Mais c'était la voie que Mackenzie avait choisie. Habiter cette étrange village était comme une condamnation à mort. Mais ne disait-on pas que la seule chose qui était sur dans la vie était que tous le monde mourrait un jour? Alors Mack avait décidé que sa vie ne serait pas une longue suite de jour à attendre la mort. Qu'elle allait apprendre à aimer cette étrange façon de vivre. Ce qu'elle avait fait.
Mais voilà, tout n'allait pas toujours comme on le désirait. Parce que Mack était décidée de profiter un maximum de sa vie, elle faisait tout pour satisfaire ses envies. Et elle avait eu vraiment très envie de... Oui, de finir avec Ephraïm dans un lit. Voilà, et que celui qui voulait la juger la juge, elle mettait au défi quiconque de venir vivre ici et de se refuser le dernier plaisir que la vie vous donner. Alors c'est sur, quand au moment où Mack avait été très proche d'obtenir enfin ce qu'elle voulait, elle avait pas bien pris son refus. Mais ce n'était rien à côté de l'avoir en face d'elle avec cette attitude. Elle sentait la colère montait en elle. Elle n'était pas n'importe qui, on ne jouait pas avec Mackenzie Faith Hope Clayton. Si elle pouvait lui faire ravaler les mots qu'il venait de lui lancer. Déguiser des piques en leur donnant l'air de compliments. Mais elle n'était pas dupe. Elle respira un grand coup. Mais ça n'aida pas beaucoup la jeune femme.
"Tu te crois malin, n'est ce pas? A jouer avec les gens de la sorte... J'espère que tu as bien rigolé, parce que j'avoue que je ne t'ai pas trouvé drôle du tout. C'est quoi ton délire? Tu as décidé d'être tellement mal et malheureux ici que tu supportes pas quelqu'un qui a pas fait le même choix que toi? Ca te rends tellement mal de voir quelqu'un rire et sourire que si tu as l'opportunité tu vas leur faire du mal? "
Elle s'arrêta brusquement. Mack avait cette tendance à beaucoup parler quand elle était lancée. Mais elle avait décidé de laisser au jeune homme une chance de s'expliquer. Elle était trop gentille parfois.

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MessageSujet: Re: L'heure de vérité [Ephraïm] L'heure de vérité [Ephraïm] EmptySam 19 Jan - 11:52



Mackenzie&Ephraïm


Jouer avec les femmes n'était pourtant pas de la trempe d'Ephraïm. Il se souvenait on ne peut mieux de ces garçons au lycée qui accumulaient les conquêtes, qui faisaient miroiter des mirages à l'une pendant qu'il arrangeait un rendez-vous avec une autre. Il avait toujours trouvé ça terriblement lâche et tout sauf respectable de la gente masculine. Peut-être parce que son père lui avait appris à être respectueux des femmes. Peut-être parce que malgré les longues heures de travail qui séparaient le couple paternel, Ephraïm avait toujours su distinguer une flamme qui brûlait encore entre leurs deux êtres. Oh, loin de là l'idée de voir l'homme romantique à la recherche de la femme de sa vie, disons qu'il ne s'était jamais intéressé de près. Il aimait avoir une jolie femme dans ses draps – surtout si celle-ci avait la blondeur des champs de blés mais il n'y était pas accro. Il n'éprouvait pas le besoin d'être émotionnellement indispensable à quelqu'un et qu'il ne le devienne à son tour. Il avait toujours tenu à son indépendance et dans sa tête, c'était déjà clair qu'Aerith serait le premier à fonder un foyer, qu'importe sa sexualité d'ailleurs. C'est pourquoi quand Mackenzie débitait enfin ses reproches si fondés, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire qui concédait la véracité de ses propos. Quand bien même il l'appréciait pour sa personne un peu trop optimiste, il ne regrettait pas tant ses gestes. Il avait déjà trop de remords qui grignotaient lentement son bien-être pour s'en ajouter de plus futiles. Il n'avait pas joué avec elle, ça n'avait pas été délibéré du moins. Il s'était simplement rendu compte comme elle l'avait si bien fait remarquer, qu'il n'était pas prêt à faire comme tous ces hypocrites d'Ojai, à profiter d'une vie qu'il n'aimait pas ici et des instants qui ne valaient rien comparé à ce qui l'attendait encore dans le reste du monde.

Ephraïm adoptait cette attitude nonchalante qui avait le don d'énerver les gens. Il avait l'air de se ficher royalement des paroles qu'elle déblatérait mais il l'écoutait réellement en fait. Il avait plongé ses mains dans ses poches puis laissait son regard vert vagabonder à sa guise sur le visage expressif de Mack. Du peu qu'il la connaissait, il savait qu'elle avait besoin de franchise et surtout de s'exprimer. C'était une jeune femme qui vivait à cent à l'heure, qui n'avait certainement pas un instant à elle lorsqu'elle était encore libre de ses actes et déplacements. Ne ressentait-elle pas elle aussi l'envie de crier, d'arracher cette pancarte de bienvenue et de courir loin très loin de ce village effrayant et de son maire inquiétant ? Ca n'était qu'une illusion qu'il rebutait au plus haut point. « Crois-moi Mackenzie, mon but n'est pas de te rendre aussi aigri que moi. » Disait-il, entièrement détendu. Il n'appréhendait pas assez l'explication qui allait se poursuivre pour le montrer. Une démonstration de faiblesse de plus était impossible. « Libre à toi de rire à leurs plaisanteries malsaines, de sourire à ces gens si l'envie t'en prend. Ca n'est pas parce que je ne t'ai pas embrassé au moment où tu l'attendais que ta vie s'arrête là. » Ephraïm venait de mettre les pieds dans le plat. Si elle souhaitait vraiment obtenir des excuses ou de véritables raisons à sa fuite soudaine, elle allait être déçue. Il préférait encore mentir que de lui confesser ses craintes, tant pis si ça devait mettre fin à une amitié qui était déjà salement compromise. Si seulement elle l'avait rencontré dans le Rhode Island, tout aurait été différent. La maussaderie quotidienne d'Ephraïm ne serait qu'une mauvaise humeur passagère, ses actes destinés à faire du mal ne seraient faits qu'à l'encontre des gens qu'il détestait – dont Mackenzie ne ferait pas partie. Et peut-être bien qu'il se serait laissé aller à aller plus loin avec elle, juste pour le plaisir de vivre. Tout change selon l'environnement dans lequel on évolue, il l'avait amèrement compris désormais. Scrutant ses ongles d'un air désinvolte, il poursuivit sa campagne de remontrances : « T'es ma mère pour me reprocher d'être malheureux ? Les moutons trouvent toujours leur bergerie même dans le plus rudimentaire des prés, n'est-ce pas ? Je pensais juste que tu étais quelqu'un avec qui je pourrai m'amuser mais visiblement tu n'apprécies pas de ne pas être prise au sérieux. Voyons Mackenzie, ta vie ne s'est pas jouée sur ce baiser, détends-toi ! »
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MessageSujet: Re: L'heure de vérité [Ephraïm] L'heure de vérité [Ephraïm] EmptyJeu 24 Jan - 16:03

Ephraïm & Mackenzie
A
vant, Mackenzie n'était pas ce genre de femme, qui papillonnaient d'homme en homme. A New York, ses amies se moquaient gentiment d'elle car elle n'avait pas le comportement qu'on la plupart des célibataires de son âge. Non, elle avait toujours vécu avec des parents amoureux et c'était ça qu'elle voulait depuis longtemps. Elle l'avait eu pendant un moment, avec Landon, avant que celui-ci la quitte, pour si peu selon elle. Et puis, plus rien jusqu'à son arrivée à Ojai. Là, les choses avaient évoluées, principalement dans sa tête. Elle ne voulait pas mourir en jouant la prude, en ne profitant pas de ce que la vie pouvait lui offrir. Hors de questions. Alors dès que quelqu'un dans la ville lui plaisait, elle tâtait le terrain pour voir s'il y avait possibilité. Si la personne en question était complètement contre, c'était pas un problème pour elle, chacun avait le droit de refuser. Elle n'avait pas l'âme d'une dictatrice ni autre chose du même genre. Non, ce qu'elle n'aimait vraiment mais vraiment pas, c'était qu'on lui laisse croire qu'ils étaient sur la même longueur d'onde, qu'ils voulaient la même chose et qu'au final elle se rende compte que l'autre personne s'était simplement jouée d'elle. Comme l'avait fait Ephraïm. En vérité, ça la rendait folle de rage, rien que sur le principe. Alors les tentatives d'explication du jeune homme, ou plutôt de justifications, n'aidait pas, mais alors pas du tout!
Peut-être avait-il une bonne raison, c'était possible. Mais, à ce moment-là, il aurait simplement pu lui dire quelque chose du genre : "J'ai peur de m'attacher et de mourir..." ou n'importe quoi du même style, et elle aurait compris. Elle était plus ouverte sur ces choses depuis qu'elle était à Ojai. Elle comprenait les peurs des gens, car elles n'étaient pas forcément différentes des siennes. Peur de la mort, peur de se rapprocher de quelqu'un et de voir cette personne mourir, peur de tomber enceinte aussi. Car à Ojai, être enceinte, c'était pire que de tuer quelqu'un. Enfin, ça revenait pratiquement au même pour être tout à fait honnête. Une mort pour une vie. C'était la règle ici.
Elle regarda l'homme en face d'elle et sentit la colère bouillir encore un peu plus en elle devant son air décontracté. Il ne méritait pas la présomption d'innocence qu'elle lui avait accordé. Il méritait purement et simplement une bonne grosse baffe, voilà ce qu'il méritait. Quand elle pensait qu'elle l'avait voulu dans son lit, la jeune femme se sentait des envies de vomir. Oui, bien sur qu'il était séduisant, avec ses beaux cheveux bruns et ses yeux très très bleus. Mais son attitude! Comme elle s'était trompée sur lui, sur l'homme qu'il était. Et quand il ouvrit la bouche pour reprendre la parole, son cas fut loin de s'arranger. A quel moment avait-elle dit que sa vie s'arrêtait là? Est-ce qu'il était devenu fou? Bien sur que non sa vie ne s'était pas arrêtée, mais est-ce que c'était une raison pour agir de la sorte? Bien sur que non! Il confondait tout, ne comprenait rien, tirait des parallèles là où ils n'y en avaient pas. Et ça avait le mérite de la rendre encore plus folle de rage. Elle avait l'impression qu'à ce rythme, elle aurait bientôt de la fumée qui lui sortirait par les oreilles. Elle ferma les yeux et compta jusqu'à dix, tentant de reprendre le contrôle d'elle-même. Sa voix était plus calme quand elle reprit la parole. "Non je suis pas ta mère Ephraïm, et encore heureux! Quand à me traiter de moutons, je pense que je ne dois pas attendre autre chose de ta part, après tout pour toi, soit on décide de se morfondre dans son coin et on est quelqu'un de "bien", soit on fait ce qu'on peut pour tenter d'apprécier ce qu'on a et on est un mouton. Alors si pour toi s'amuser c'est se morfondre sur le tragique destin qui t'as amené à Ojai, alors je suis bien contente de ne plus être digne de tes "amusements". Et je ne sais pas pour qui tu te prends, pour ne serait-ce qu'imaginer que ma vie, ou même une partie de ma vie c'est jouée avec toi. Je cherchai à me détendre, à passer du bon temps et tu as préféré me tourner en bourrique. Tu peux trouver ça stupide, libre à toi, mais non, je n'apprécie pas du tout d'être prise pour une conne, parce que figure toi que c'est exactement ce que tu as fait. Et si tu n'es pas prêt à affronter tes actes, tant pis pour toi.
Honnêtement, elle ne pensait pas que les choses prendraient de tels proportions, car pour un baiser refusé, c'était excessif. Mais les propos du garçon avait juste envenimé les choses et il la dégoûtait presque maintenant.

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