MEADOW & ECHO . YOUNG HEART

une journée comme les autres. à ojai, c'est toujours ça, de toute. on se lève, on regarde stan s'occuper de ses précieuses patates, on se promène, on dit bonjour aux gens, on matte avec crainte le panneau de bienvenue au cas où il y aurait un nouvel arrivant, puis on s'couche. je me suis toujours demandé comment c'était ailleurs, malgré toutes les histoires que l'on m'a raconté. ce que je trouve le plus marquant, c'est que les femmes peuvent donner naissance à un enfant sans se faire lancer des pierres. les habitants d'ojai n'avaient vraiment pas été chaleureux avec notre famille lorsque meadow et moi étions nés, et pas juste qu'à notre naissance. breeef, c'qui était bien malgré tout, c'est que j'avais une jumelle qui vivait la même chose que moi. l'art de parfaitement s'comprendre, disons. ainsi, depuis notre enfance, nous sommes toujours ensemble, sauf quand je travaille. j'viens d'ailleurs de finir de travailler, plus tard que d'habitude. du coup je reviens chez moi et j'prends immédiatement une douche. j'enfile un boxer, puis je rejoins ma chambre pour me faufiler en dessous des couvertures. meadow y est, puisque nous partageons le même lit depuis toujours. j'passe mon bras autour d'elle, puis j'vois qu'elle est réveillée. « tu m'dis pas bonsoir? » puis j'souris. ma soeur ne m'a jamais dérangé, ennuyé et n'a jamais été 'de trop', à un point tel que je n'arrive pas à comprendre les frères et sœurs qui ne s'entendent pas. tout est si simple entre nous, que je n'arrive même pas à imaginer une éventuelle dispute dite grave. « dis, je ne t'ai pas réveillé? » petite inquiétude du moment, même si je sais qu'elle ne m'en voudrait pas. enfin, j'crois. ou bien, elle m'en voudrait, mais pas réellement, et que pour ce soir. je me colle davantage à elle et je me dis qu'un jour, elle en aura marre d'avoir un frère aussi affectif. je me dis aussi que le jour où elle se fera un petit-ami, je n'arriverai vraiment pas à m'y faire. ce serait comme .. partager une partie d'moi-même.

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apparemment, je ne l'avais pas réveillé, ce qui était une bonne chose. elle devait attendre que j'arrive, ou un truc du genre. tant mieux, parce que passer une journée complète sans avoir au minimum une petite conversation avec elle, c'est pas possible. c'était devenu une routine. une parmi tant d'autres. « ta journée s’est bien passée? » comme d'habitude. j'veux dire par là qu'à ojai, il n'y a jamais vraiment rien d'excitant. du coup, c'est toujours toujours toujours la même chose, sauf lorsqu'il y a un nouvel arrivant. l'truc, c'est que ce n'est pas positif, et que la journée 'ordinaire' se transforme donc en une journée atroce, si on peut dire ça comme ça. l'pire moment, c'est quand j'suis au boulot lorsqu'on m'apprend que quelqu'un a dépassé le panneau de bienvenue, ou quand j'entends littéralement une voiture arriver. j'pense automatiquement à meadow, qui est seule à la maison. d'abord parce que j'sais qu'elle déteste les nouveaux et qu'elle risque d'aller très très mal, disons. ensuite, parce que j'suis pas là pour la protéger, pour être avec elle. j'sais que c'est la nature qui tue les gens et qu'on ne peut rien y faire, mais pourtant, j'ai cette impression qu'elle ne risque rien lorsque j'suis là, à côté d'elle. alors j'panique, bien souvent, parce que j'voudrais être là pour la calmer, d'abord. puis pour la 'surveiller'. perdre ma soeur serait définitivement l'épreuve la plus douloureuse de ma vie. j'crois que si ça arrivait, je tenterais de .. quitter ojai. juste pour crever. « ouais. comme d'habitude. c'était long, j'ai dû rester plus tard. j'ai pensé à toi. » je souris lorsque je vois le livre qu'elle a dû lire des centaines de fois sur la table de chevet. « décidément, t'adores vraiment ce livre, non? » puis j'ris, en me demandant comment elle fait pour lire et relire le même truc. « et toi? t'as fait quoi aujourd'hui, à part lire ce truc? t'es .. allée un peu à l'extérieur? » je me sentais toujours un peu mal de partir en la laissant seule à la maison, mais en même temps, il fallait bien gagner un peu d'argent pour vivre, et c'était mon devoir de le faire.

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« j’ai pensé à toi aussi. » je n'ai jamais vraiment pris la peine de m'imaginer comment les autres percevaient notre relation. nous avons déjà eu quelques commentaires, certes, mais je n'ai jamais trouvé que nous agissions bizarrement l'un envers l'autre. après tout, je n'ai connu que ça. bref, c'est l'truc le plus naturel au monde pour moi. « oui, je suis sortis. je ne suis pas aller très loin, mais l’air frais me fait du bien… » j'préfère qu'elle sorte plutôt qu'elle reste enfermée à l'intérieur, mais j'avoue toujours avoir cette crainte qui persiste en moi lorsqu'elle sort sans moi. j'ai toujours peur qu'elle croise un nouvel arrivant et puis qu'elle tombe dans un 'état second', ou un truc du genre. cette crainte n'existerait pas si rien n'était jamais arrivé, mais ce n'est justement pas le cas. ça n'a jamais été facile pour moi de retrouver ma soeur ici et là dans un état pas possible, du coup je m'arrange pour que ça n'arrive pas. le truc, c'est que je ne contrôle pas ce genre de chose. autant bien dire que je me suis habitué, adapté, avec le temps. « tu devrais même sortir un peu plus. peut-être qu'avec le temps .. » non, très très très mauvaise idée. en fait, pas tant que ça, c'est juste que je m'inquiéterais à mort pour elle. j'veux qu'elle sorte. vraiment. mais en ma compagnie, point. j'veux pas être au restaurant pendant qu'elle se perd dans les bois, comme la dernière fois. j'veux pas revenir à la maison et ne pas la retrouver, comme la dernière fois. et si, un jour, elle dépassait les limites du village inconsciemment? je m'en voudrais à mort. « .. en tout cas. » ouais, en tout cas. « echo..? » je joue avec ses cheveux avant de balancer un petit « hmm? » puis je me retourne pour éteindre la lumière, comme elle vient tout juste de me le demander. je l'entoure de nouveau de mes bras, avant de l'embrasser sur la joue. « eh voilà. dors, maintenant. » puis comme toujours, j'attendrai qu'elle s'endorme pour m'endormir à mon tour.