1 △ QUI ETIEZ-VOUS AVANT D'ARRIVER A OJAI? I WAS BORN THIS WAY. « Salut, moi c’est Mattie et toi ? » Je regardais la petite brune qui venait de s’approcher de moi. C’était mon tout premier jour d’école et tout comme les autres élèves j’étais heureuse d’être ici. Je lançais un immense sourire à la demoiselle qui prit place à mes côtés sans même me demander. Elle n’était pas gênée, mais je devais avouer que j’aimais bien ça et puis au moins je commencerais déjà par me faire une amie. Je plongeais alors mon regard dans le sien.
« Moi c’est Grace. » Je continuais de sourire bêtement, j’étais heureuse tout simplement. Ce n’était pas spécialement le fait de rencontrer cette petite fille qui me rendait si heureuse, même si j’étais tout de même très contente de faire sa connaissance. Non ce qui me rendait aussi heureuse que ça c’était que pendant toute une journée j’étais éloignée de ma maison et ça honnêtement ça n’avait pas vraiment de prix. Personne ne savait vraiment ce que c’était de vivre dans la famille Hamilton, personne à part moi et je peux donc vous assurer que je donnais tout pour m’éloigner le plus possible de ma maison et donc de mes parents. Je n’avais que 4 ans pourtant. C’est jeune pour déjà avoir une mentalité pareille. C’est vrai. Mais en même temps je pense que personne n’aurait envie de vivre le genre de journée que je vis dans ma demeure et ça à n’importe quel âge ! J’étais donc heureuse de faire la rencontre de cette petite Mattie qui devint très vite une amie très proche. Nous passions tout notre temps ensemble et très souvent en rentrant de l’école elle m’invitait chez elle. Ses parents étaient des gens merveilleux, assez riches d’après ce que j’avais pu comprendre et qui étaient toujours très adorable avec moi. Ils étaient un peu comme une deuxième famille pour moi et je voyais bien que mes parents étaient contents de ne plus m’avoir dans les pattes le soir en rentrant. De mon côté je me sentais nettement mieux, moins je passais de temps avec mes parents, mieux je me sentais. C’est comme ça donc que je commençais mon enfance. Ce n’est jamais facile pour une enfant de ne pas être apprécié de ses parents. Je n’avais pas vraiment d’éducation, je pouvais faire comme je voulais. Pour beaucoup ça peut sembler être un avantage. C’est vrai après tout, ne jamais avoir ses parents sur le dos c’est le rêve de tous les enfants non ? Et bien je ne pense pas pour autant que ce soit une très bonne chose. Bien au contraire, je n’ai jamais pu savoir quelles étaient les limites à ne pas dépasser et les bonnes manières, personne ne me les avais apprises. Sans vraiment m’en rendre compte cependant j’apprenais une bonne partie de tout ceci grâce aux parents de Mattie qui me faisait parfois quelques remarques sur mon comportement, sans pour autant être méchant. Ca m’a beaucoup aidé c’est certain, mais il me manquait toujours quelque chose.
Le plus dur fut de découvrir que mes parents ne voulaient pas d’enfants, bon au moins après ça je comprenais un peu mieux les raisons de toutes ces querelles entre nous, mais enfin c’est toujours difficile de savoir que l’on n’est pas vraiment le bienvenu dans cette maison. J’ai découvert ça un soir alors que j’étais dans ma chambre, j’avais six ou peut-être sept ans, je ne sais plus vraiment, et mes parents étaient en train de discuter tous les deux dans le salon. Au départ c’était une conversation comme une autre et puis peu à peu le ton a commencé à monter. Je n’écoutais au départ pas du tout ce qu’ils disaient puis lorsque mon prénom arriva dans la conversation je m’étais empressée d’entrouvrir la porte de ma chambre pour entendre la conversation dans les moindres détails.
« T’as qu’à t’occuper un petit peu toi de l’éducation de Grace, c’est de ta faute si on a un enfant aujourd’hui, tu sais très bien que moi je n’en voulais pas ! » C’était mon père qui parlait et déjà rien que ses paroles m’avaient blessées. J’avais eu alors l’espoir que ma mère lui dise qu’elle allait s’occuper de moi ou qu’il pouvait parler autrement de sa propre fille. Mais non, elle était aussi une garce et elle n’hésita pas une seule seconde dans ses paroles.
« Tu sais très bien que je n’en voulais pas moi non plus, mais c’est arrivé et on est tous les deux fautifs ! Maintenant il faut assumer cette erreur. » Voilà ce que j’étais pour mes parents, une erreur rien de plus. En entendant tout ça je n’osais même pas imaginer la tête qu’ils ont dû faire le jour où le test de grossesse était positif ou encore le jour de l’accouchement. Ca devait être un sacré spectacle. Mais enfin au moins tout était clair à présent. Je n’étais pas du tout désirée par mes parents et dès ce jour-là j’ai fait mon possible pour ne plus leur adresser la parole. J’ai grandi comme j’en avais envie et jamais je n’ai cherché à les rendre fiers de moi.
I JUST HATED SCHOOL. Assise sur ma chaise, j’écoutais mon prof avec le plus d’attention possible, mais très vite mon attention fut attirée par un de mes camarades de classe qui voulaient discuter. J’étais beaucoup trop distraite en cours, d’ailleurs mes profs avaient fait la remarque à de nombreuses reprises à mes parents. Combien de fois ils avaient été convoqués durant les dernières années ? Je ne le comptais plus ! J’avais quatorze ans et je n’en avais vraiment plus rien à faire de l’école. Je préférais de loin aller m’amuser avec mes amis plutôt que de réviser. Mattie était toujours autant présente dans ma vie, nous étions d’ailleurs inséparables toutes les deux. Elle aimait bien passer du temps avec moi, on allait faire les magasins ensemble ou on sortait en douce pour faire un peu la fête avec quelques camarades de classe. Nous étions sur la même longueur d’onde, à la différence près qu’elle n’avait pas des mauvaises notes en cours. Non parce que Mattie était intelligente, très intelligente. En grandissant j’ai très vite appris à devenir une manipulatrice et à m’amuser avec certaines personnes. Mais ce qui est certain c’est que lorsque je décide d’accorder ma confiance je suis prête à tout pour ses personnes là et jusqu’à présent Mattie était la seule personne qui avait ce privilège, si on peut appeler ça comme ça. En sortant du cours, Mattie me regardait en secouant la tête.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » Mattie se contenta d’afficher un petit sourire.
« Tu crois pas que tu devrais essayer de suivre un peu mieux au cours Nora ? Si tu continues comme ça tu ne seras jamais diplômée ! » Je regardais alors ma meilleure amie avec un petit sourire en coin. Je savais pertinemment qu’elle avait raison, je ne pouvais pas continuer comme ça ! Mais en même temps je ne savais absolument pas quoi faire. Il était impossible pour moi de me concentrer en classe, je m’en fichais en fait de tout ce que je pouvais apprendre et puis de toute façon je savais que mes parents ne diraient rien au final. Même après avoir été convoqué par mes professeurs je ne sais combien de fois, ils n’ont jamais fait quoi que ce soit pour me remettre sur le droit chemin et vu mon côté un peu rebelle lors de mon adolescence je n’avais pas du tout l’intention de me remettre sur le droit chemin.
« Ouais, mais qu’est-ce qu’on s’en fou de ce diplôme ! »Trois semaines après cette conversation, je me rendais chez ma meilleure amie avec mon sac remplis de livre sur le dos. Lorsque celle-ci vint m’ouvrir, elle fronça les sourcils et son regard fut immédiatement attiré par mon sac.
« Qu’est-ce que tu mijotes encore Grace avec ce gros sac ? » Ma meilleure amie affichait un petit sourire, croisant les bras en attendant ma réponse.
« Faut que je reprenne un peu mon sérieux, aide moi à réussir mon diplôme s’il te plaît ! » Ma meilleure amie parut très étonnée et elle me laissa entrer chez elle. On s’installa dans sa chambre et depuis ce jour-là je commençais à suivre des cours intensifs avec elle. J’avais la très ferme attention de réussir mon école, du moins l’école obligatoire je ne savais pas vraiment encore ce que j’allais faire ensuite, mais il fallait que je réussisse. Mattie fit un travail tout simplement incroyable et grâce à elle mes notes remontèrent en flèche. De toute évidence elle savait comment enseigner les choses et je comprenais nettement mieux les choses avec elle qu’avec mes professeurs. Le temps passait à une vitesse affolante et j’arrivais à la fin de mon année scolaire. Les examens se passèrent beaucoup mieux que je ne l’avais espéré et grâce à ma meilleure amie je m’en sortais avec une moyenne plutôt raisonnable. Même mes professeurs étaient épatés et ils m’ont félicité à plusieurs reprises. Quant à mes parents et bien ils n’en avaient toujours rien à faire. Mais ça m’était égal et j’avais décidé de quand même faire mon lycée. Je n’avais pas spécialement pris le goût des études, mais je savais qu’il était important que je fasse un papier supérieur et de toute façon je n’avais pas du tout d’idée du métier que je souhaiterais faire. Jusque-là tout allait donc parfaitement bien pour moi. J’étais prête à avancer et puis Mattie continuait à me suivre ce qui était parfait car je n’aurais pas du tout eu le courage de continuer sans elle. En entrant au lycée je lui avais d’ailleurs dit avec un immense sourire.
« Je ne sais vraiment pas ce que j’aurais fait sans toi Mattie, merci d’être toujours là pour moi, même si des fois j’ai un peu caractère de cochon. » Oui parce qu’en plus de tout ça je n’avais pas le caractère le plus tendre qui existe, pourtant Mattie continuait d’être là à mes côtés. Bon il faut quand même savoir qu’avec elle je suis légèrement différente, ce qui est normal puisqu’elle compte beaucoup plus pour moi que n’importe qui d’autre.
SOMETIMES WE DO STUPID THINGS. « Ce soir tu viens avec nous Grace ? » Je regardais le jeune homme qui venait de me poser la question et j’affichais un immense sourire.
« Bah quelle question, bien sûr que je viens ! » Le soir même je me rendis donc à ce petit rendez-vous, c’était dans un parc de Seattle, dans un lieu bien caché du reste et nous nous réunissions ici depuis plusieurs semaines maintenant. J’avais à peine dix-sept ans et je trouvais ça tout simplement parfait. En arrivant là-bas le jeune homme du nom de Jason, celui qui m’avait parlé le matin même, me regarda avec un immense sourire.
« Pile à l’heure, je me préparais justement ma petite dose de cocaïne ! » Je m’asseyais alors à côté de lui et celui-ci passa immédiatement son bras autour de mon épaule.
« A toi l’honneur ma belle. » Je tournais alors mon regard vers lui avec un petit sourire en coin et je m’exécutais. Voilà où j’en étais aujourd’hui. J’étais bien sûr toujours au lycée, mais mes notes étaient à nouveau au plus bas. A la maison les choses avaient empiré. Mes parents essayaient de reprendre le dessus sur tout ce qu’ils avaient oublié de faire pendant toutes ces années et bien évidemment je ne voulais pas me laisser faire. Je faisais donc tout le contraire de ce qu’ils me disaient et à force j’avais fini par sombrer dans la drogue. Jason était comme mon petit copain et comme à notre habitude après cette petite soirée on est rentré tous les deux dans son petit studio pour baiser. J’étais devenue vulgaire et je m’en fichais, je trouvais même que c’était plutôt cool et puis Mattie ? Et bien je ne la voyais plus autant qu’avant. Pourtant elle ne m’avait rien fait et je l’adore toujours autant ça c’est certain. D’ailleurs j’ai beau ne plus la voir ce n’est pas pour autant que j’ai commencé à la dénigrer ou je ne sais quoi d’autre. Non bien au contraire, je garde toujours son secret pour moi et puis je lui écris encore de temps en temps quand même pour prendre de ses nouvelles… Mais ce n’est vraiment plus comme avant et pour le moment j’étais loin de me rendre compte à quel point c’était dommage. Non je profitais de toutes ces fêtes avec de l’alcool à volonté et de la drogue également et puis je m’éclatais comme une folle avec mon petit copain… Enfin soit disant petit copain parce que je ne savais pas vraiment si on pouvait appeler ça comme ça. On couchait ensemble, voilà tout ! Je n’avais absolument pas de sentiments pour lui et lui non plus à mon avis.
Ces conneries continuèrent encore un moment, jusqu’au jour où tout dégénéra. Une soirée tranquille entre potes, on prenait comme toujours notre petite drogue, on rigolait bien, etc. J’allais faire un tour aux toilettes et lorsque je revins c’était l’agitation totale. Mes potes appelaient une ambulance et mon regard se posa sur Jason. Il était allongé au sol, ses yeux regardaient dans le vide et le spectacle n’était pas beau à voir. Mes potes parlaient d’overdose et ma réaction fut de prendre la fuite. Je ne voulais surtout pas être impliquée là-dedans, la police allait arriver et je n’avais pas besoin d’emmerde. Je courais donc chez moi et je me réfugiais dans ma chambre, contente de voir que mes parents n’étaient pas là. C’était impossible. Jason était décédé à cause de ses conneries. Tout avait été beaucoup trop loin et je n’arrivais pas à croire que je m’étais laissée emportée comme ça. Je finis par m’endormir et c’est le lendemain matin que je repris les choses en main. La première chose fut de me rendre chez ma meilleure amie. Elle fut surprise de me voir et je ne la laissais même pas parler, j’allais droit au but.
« J’ai besoin d’aide Mattie, au plus vite ! J’ai merdé et il faut que tout ce cauchemar s’arrête ! » Je rentrais chez elle et je me lançais alors dans mon récit, lui racontant tous les moindres détails de ces derniers temps et je me mis inévitablement à pleurer. De toute évidence j’avais honte de moi et je ne voulais pas continuer sur ce chemin beaucoup trop dangereux. Je voulais avancer, je voulais redevenir quelqu’un de bien et ne plus continuer toute cette merde. J’expliquais ça à Mattie et celle-ci m’écoutait très attentivement. Pour la deuxième fois, je réalisais à quel point cette fille était incroyable et à quel point elle tenait à moi.
« Calme-toi Grace, tu vas remonter la pente tu verras ! On va y arriver, ensemble ! Main dans la main. » Et pour la première fois depuis bien longtemps j’affichais un vague sourire. Rien que ça me fit un bien fou et je me sentais enfin soulagée. Mattie allait m’aider, j’allais revenir sur le droit chemin, enfin ! Pour la deuxième fois elle était là pour moi alors que je l’avais laissée de côté durant ces dernières semaines. Mais ça c’est une véritable amitié et je savais que quoi qu’il arrive je pourrais vraiment toujours compter sur son soutien. D’ailleurs je lui fis encore une fois remarquer que je ne savais pas ce que je ferais sans elle et j’ajoutais même que plus jamais je ne ferais des erreurs pareils, à présent tout ceci était terminé. J’allais de l’avant et pour de bon cette fois-ci. Il fallait simplement que je relève la tête une toute dernière fois et je pourrais à nouveau vivre une vie normale. En tout cas c’était ce que j’espérais au plus profond de moi.
2 △ COMMENT ÊTES-VOUS ARRIVÉ A OJAI? & THEN WE GROW UP. Je venais de terminer mon petit séjour dans le centre de désintoxication de Seattle et j’allais reprendre les cours le lendemain avec la très ferme intention d’avancer la tête haute. Je n’habitais plus chez mes parents, mais dans la famille de Mattie car ça n’allait vraiment plus chez moi, surtout pas depuis qu’ils ont appris que je me droguais et je ne pouvais pas rester une journée de plus en leur présence. J’avais donc déménagé mes affaires et à présent je voulais vivre la vie la plus normale possible.
« Alors comment tu vas ma belle ? » J’arrivais à la hauteur de ma meilleure amie et je lui déposais un bisou sur la joue.
« Nettement mieux je dois dire ! » On s’échangeait alors un petit sourire complice avant de rentrer chez la demoiselle bras dessus, bras dessous. C’était fini maintenant les conneries, j’étais grande, j’avais dix-sept ans et je devais me reprendre en main, c’était maintenant ou jamais. Je repris les cours le lendemain et comme il fallait s’y attendre ce ne fut pas franchement évident. Tout le monde me regardait de travers, les amis de Jason ne m’adressaient plus la parole et je devais avouer que ça me rassurait. Je ne voulais plus avoir à faire à ce genre de personne, surtout que j’avais appris plus tard que la mort de leur ami ne leur avait pas servie de leçon et qu’ils continuaient tous à se droguer. A la fin du lycée, alors que nous avions toutes les deux nos diplômes en poche je regardais ma meilleure amie avec un immense sourire.
« On en a fait du chemin toutes les deux quand même ! » « Alors ça tu peux le dire et tu ne m’as pas rendu la tâche facile c’est certain ! » Ma meilleure amie éclata de rire et j’en fis de même. Cela faisait un an, un peu plus maintenant, que tout ceci était derrière nous et à présent nous arrivions à en rire toutes les deux, ce qui était bon signe.
« Dis, t’aurais envie de partir ? » « Comment ça partir ? Partir où ? Pour les vacances ? » Je regardais alors ma meilleure amie avec un petit sourire en coin. Depuis longtemps maintenant j’avais développé une passion pour la photographie. Peu de gens le savaient au départ, puis avec mes conneries j’avais laissé tomber tout ça et depuis je me suis remise et à fond cette fois-ci ! J’avais envie de voyager, découvrir des paysages et faire pleins de photos.
« Je voulais faire un road trip avec toi ! Ca te plairait ? » ma meilleure amie me regarda avec un immense sourire.
« J'étais sûre que tu voudrais partir d'ici. Pour moi on peut y aller quand tu veux. » Et quelques semaines plus tard nous partions toutes les deux avec nos affaires dans la voiture. Normalement on devrait se contenter du strict minimum, mais vu les personnes que nous sommes Mattie et moi on a pas pu s'empêcher de prendre pleins d'habits et pleins de chaussures avec nous. Tout comme notre maquillage etc.
« Ocean Avenue, tiens ça te dit quelque chose ça ? » Je tournais le regard vers ma meilleure amie qui était au volant de notre petite voiture et elle secoua la tête.
« Absolument pas, mais prenons cette route, on verra bien où ça nous mène. » Elle s’engagea donc dans celle-ci, c’était le début de la journée, nous venions de dormir dans un charmant petit hôtel pas très loin dans un endroit dont je ne me souviens même plus le nom et nous continuions notre road trip. Découvrir un peu plus de notre pays était franchement intéressant et enrichissant et j’avais un tas de magnifiques photos dans mon appareil, prête à les développer. Sur cette longue route qui me paraissait interminable, Mattie et moi discutions des lieux que nous pourrions encore visiter lorsque je vis un panneau « bienvenue à Ojai ». Je fronçais alors les sourcils.
« C’est quoi ce nom bordel ? » Ma meilleure amie laissa échapper un petit rire, lorsque je trouvais quelque chose étrange je ne me gênais pas pour le dire et ça avait le don de la faire rire. On avança donc dans les rues de ce village et je regardais passer les différentes boutiques.
« Arrêtes-toi ! » Mattie freina d’un coup et me regarda.
« Quoi ? » « Il y a une boutique là et j’ai faim ! » On sortit donc toutes les deux de la voiture et on se dirigea dans cette boutique pour se prendre quelque chose à manger. On retourna ensuite de notre voiture, mais impossible de démarrer. On a essayé pourtant à plusieurs reprises.
« Attends-moi là ! » Je rentrais alors à nouveau dans la boutique pour demander s’il y avait un garage pas loin d’ici et la personne secoua la tête, apparemment pas ! Légèrement choquée je commençais un petit peu à m’emporter contre cette personne qui n’y pouvait certainement rien.
« Bon attrapes les valises Mattie, on va passer la journée et la nuit ici et on verra demain ! J’essayerais d’appeler quelqu’un après. » On sortit donc nos affaires de la voiture et j’étais prête à appeler quelqu’un lorsque je vis que je n’avais absolument pas de réseau. Poussant un soupir de désespoir je regardais à droite à gauche et vit au loin une personne qui s’approchait de nous. Un immense sourire aux lèvres je m’approchais de cette personne, persuadée qu’elle allait pouvoir nous aider.
« J’aurais jamais dû te dire de t’arrêter, c’est de ma faute ! » Nous étions à présent dans un logement et apparemment nous étions coincées ici à cause d’une foutue malédiction à laquelle je n’étais pas certaine d’avoir compris grand-chose.
« Mais non t’en fais pas pour ça ma belle et puis peut-être qu’on va s’éclater par ici. » Mattie essayait d’être positive, je le savais bien, mais vu la malédiction de cette ville je ne savais pas vraiment si on pouvait appeler ça de l’amusement !
3 △ COMMENT RESUMERIEZ-VOUS VOTRE VIE MAINTENANT ?Aujourd’hui cela fait environ une année que Mattie et moi sommes arrivées à Ojai, cet endroit si particulier, si étrange. Autant elle que moi, on a eu de la peine à s’installer vraiment dans cette ville. Il faut dire que ça change grandement de notre vie dans la belle ville de Seattle. Mon côté maniaque a pris un sacré coup. Ce n’est pas aussi propre que ça l’était chez moi et je dois faire des gros efforts sur moi-même pour ne pas totalement péter les plombs. Et puis concernant Mattie, elle a beaucoup de peine par rapport au shopping. C’était un grand fan des magasins, comme moi, mais en pire. Alors autant vous dire que c’était un sacré grand changement pour elle également. Ce n’est pas tous les jours facile, mais on commence gentiment à s’y faire, en même temps on n’a pas tellement d’autres choix. Pour vivre j’essaye de faire des petits boulots, par-ci par-là, mais ce n’est pas vraiment facile à trouver. Mon appareil photo j’ai pu le laisser dans un coin, aucun moyen de le recharger donc forcément je ne peux plus l’utiliser. Plus de téléphone portable, c’est sans doute le plus difficile pour moi. Mais ma fois c’est la vie et il faut s’y faire ! Mais enfin le point positif dans tout ça c’est que j’ai pu faire des rencontres assez intéressantes dans ce petit village. Des gens vraiment sympathiques qui font leur possible pour nous aider. Surtout ceux qui sont là depuis de longues années. Beaucoup de gens parlent de s’enfuir, je vous avoue que ce serait vraiment mon rêve de pouvoir le faire, mais je ne crois pas que ce soit vraiment possible. Tout semble tellement strict ici et j’aurais trop peur de ce qui pourrait m’arriver si je partais… Et pourtant ce n’est pas l’envie qui manque. Enfin bref, voilà où j’en suis aujourd’hui. La suite reste encore à écrire. Mais au moins j’ai toujours ma meilleure amie Mattie à mes côtés pour me soutenir et ça c’est certainement le plus important.