- Stan & Korey -

Je commençais enfin à sentir un changement chez Mrs. Hawks, enfin. Son mari était décédé il y a de ça trois mois à présent et depuis que c’est arrivé, la pauvre n’arrivait pas à se reprendre, se plongeant dans un deuil total. On m’avait même demandé d’aller la voir chez elle afin de lui parler, au début, car elle ne voulait pas quitter sa maison. C’était terrible que des gens puissent se mettre dans des états pareils à cause d’une perte importante… et pourtant, on était tous passés par là. On devrait y être habitués, à présent, non ? Ou alors étais-je le seul (avec Aerith) a voir d’un œil presque indifférent tous ces morts ? Peut-être n’était-ce qu’une déformation professionnelle, je n’en sais trop rien. Enfin bref, cela faisait maintenant vingt minutes que la quarantenaire de l’autre côté de la séparation du confessionnal était en train de me raconter sa vie en demandant des conseils de temps à autre. J’étais content qu’elle reprenne du poil de la bête, vraiment, et d’autant plus content d’avoir été capable de l’aider dans cette pénible épreuve que fut la perte de son compagnon.

Ce n'est qu’un quart d’heure plus tard que la grande dame s’en alla en me remerciant, me laissant sur place après cette longue matinée de dimanche. Je devais rentrer chez moi, il y avait encore du boulot à abattre, mais d’abord, j’allais prendre une pause ici-même parce que la fatigue se faisait ressentir. C’est vrai que j’avais quelque peu du mal à dormir ces derniers temps… j’espère que ce serait passager, il s’agissait sans doute d’un effet de la pleine lune. Hm mh…

Après avoir retiré la robe au-dessus de mon pull que je déposais à côté de moi, je me suis tranquillement laissé aller sur la droite en m’appuyant contre l’une des parois du confessionnal, puis j’ai doucement fermé les yeux. Je ne sais pas trop si je me suis assoupi entre-temps ni la durée qui s’est écoulée si tel était le cas, mais ce n’est que lorsque le son de quelqu’un qui s’était assit à côté de moi me parvint aux oreilles que j’ai rouvert les paupières – difficilement.

- Stan & Korey -

Salut.

Un seul mot avait suffit à me remettre de ma rêverie aussi brusquement que si l’on m’avait jeté un seau d’eau glacée à la figure. Cette voix-là, même murmurée, je pouvais facilement la reconnaître entre toutes celles du village et elle me tuait à chaque fois que j’avais le malheur de l’entendre. Par réflexe, j’avais braqué mon regard du côté opposé à celui où s’était assit Stan qui ajouta d’ailleurs une phrase après ça, manquant de me faire sourire. Intérieurement, tout du moins. Je n’avais pas envie de lui dire quoi que ce soit. L’idéal pour moi aurait même été d’avoir la possibilité rester dans le silence jusqu’à ce qu’il s’en aille. Par nervosité, je me suis mis à jouer avec le collier attaché à mon cou et j’ai réfléchis au moyen d’écourter au maximum la conversation. Bon sang, j’étais un véritable monstre pour oser me montrer aussi froid envers cet homme qui ne m’avait jamais fait le moindre mal ! Malgré ça, je ne pouvais quand même pas m’empêcher de le fuir. C’était plus fort que moi. Qu’on me punisse pour ma faiblesse d’esprit, mais j’étais incapable de lui faire face… on n’appartenait plus au même monde, lui et moi, et il fallait bien qu'il le comprenne d’une manière ou d’une autre.

« Merci… »

Je pris une inspiration, puis tournais enfin la tête vers le sac posé au sol pour le prendre et jeter un coup d’œil à ce qu’il contenait. Nouveau sourire intérieur, mais celui-ci était plus douloureux qu’autre chose. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça continuait, même après tout ce temps ? Pourquoi est-ce que ça m’atteignais encore autant que si la rupture datait d’hier ? Je ne demandais qu’à passer à autre chose et pouvoir ainsi me consacrer entièrement à mon devoir, mais non. Non, ça semblait bel et bien impossible et ça me donnait le sentiment qu’il s’agissait de ma punition pour avoir fauté quelque part.

Je me suis redressé sur ma chaise et ai accroché mon regard à un point invisible droit devant moi. Pas question de montrer que j’étais plus que déstabilisé par la simple présence de Stanley et pas question non plus de me tourner vers lui, même si c’était malpoli. Je voulais oublier son visage, oublier sa voix, oublier son odeur et sa façon d’être. M….ince. Un frisson me parcourut suite à des pensées aussi impures qu’automatiques à ce sujet. Je n’avais connu aucune autre relation depuis la notre et les conséquences que cela impliquait m’arrivaient en pleine face à chaque fois qu’on rentrait en contact, de près ou de loin. Mes doigts se crispèrent autour du pendentif de mon collier et je repris la parole de ma petite voix habituelle.

« Tu as passé de bonnes fêtes ? »