Assise devant la fenêtre de la maison qui nous avait été attribué, je repensais à mon arrivée ici. Mon café dans ma main commençait à refroidir, et Nate ne cessait de faire les cents pas dans la cuisine. « Doit bien y avoir un moyen de repartir, bordel! » Lâcha-t-il en donnant un coup de poing dans le mur. Il savait pertinemment qu'il n'y en avait pas. On le savait tous. Tout le monde avait peur, mais personne n'osait parler. Je soupirais, puis levais la tête vers lui. « On est les seuls à blâmer de toute façon...si on avait réglé nos problèmes, on ne serait pas là. » Dis-je, une pointe d'amertume dans la voix. Nous étions arrivés il y a un peu plus de cinq mois à Ojai, par un grand coup de malchance, ou du destin, voyez ça comme vous voulez. Comme depuis plusieurs semaines, Nate et moi nous disputions, encore et encore et encore. Mais ce jour là, tout avait été différent. Il nous avait fait monter en voiture et avait décrété que nous roulerions jusqu'à ce qu'on arrive à se mettre d'accord sur au moins un truc. Vous vous doutez bien qu'on ne s'est jamais mis d'accord sur rien. La route avait été longue, nous roulions depuis plus de quatre heures. Les rires, les pleurs et les cris résonnaient dans la voiture. La volume de la musique augmentait puis baissait puis augmentait de nouveau. Le vent caressait nos cheveux, le soleil rayonnait. Puis tout à coup, la voiture ralentit, de plus en plus. Heureusement pour nous, cette dernière s'était arrêté dans un village, ce village. On était sortis de la voiture, garée sur le côté, pour trouver quelqu'un à qui parler. Dix minutes plus tard, la voiture avait disparue, et on s'était retrouvés devant Mrs. Rosewood. Nos vies avaient basculées à ce moment-là. Je ne sais plus si c'était la haine qui dominait à ce moment-là, ou la peur. Peut-être les deux. Quoiqu'il en soit, nous étions coincés ici. Et pour toujours. Je bus une gorgée de mon café, avant de me lever. « Tu viens avec moi? Je vais faire des courses. » Il n'y avait pas grand chose à faire ici, de toute façon.